vendredi 7 octobre 2011

Mon rien à saupoudrer

Ca fait près de six mois que j'ai rien écrit. Pas étonnant.
J'ai plutôt tendance à reluquer à quelle vitesse la barbe me pousse les soirs de pleine lune ou me gratter les couilles la bouche ouverte.
En attendant, le papier se gratte pas tout seul. C'est toujours la même histoire d'ailleurs. La tête pétrie de conneries quotidiennes et de projets fantastiques, mais qui s'arrachent les ongles en s'agrippant à mon cervelet. Pas moyen de les faire sortir.

La concrétisation, c'est pas mon truc. Trop fainéant. Trop de temps à tuer pour faire un génocide de secondes productives. Trop d'excuses bien rondelettes pour les faire s’aplatir. Trop de tout, mais surtout trop de riens.
Un plein sac de farine de rien à saupoudrer sur ma bouffe de planqué.
C'est pas ma faute. C'est pas l'moment. Ya trop de vent. La chasse d'eau déconne. Les tarentules m'agressent sous la douche. Les poussières complotent dans mon dos et la planète m'explose le cul à chaque accouchement du jour suivant. D'ailleurs j'ai rien à raconter.

Pas plus que toi, pas plus que le politicard ou la chanteuse de cabaret. On parle tous de la même chose, mais jamais dans la même langue. T'es le seul à te comprendre, et moi j'ai pas envie de me fatiguer à te pister.
C'est peine perdue.

Alors quand j'écris, je fais des fictions. Des trucs bidons. Des histoires à dormir par terre, et pas forcément sur une moquette moelleuse et bien aspirée. Ya des acariens, dans mes histoires. Des acariâtres aussi. Et puis des riens. Beaucoup.
Je maîtrise le sujet du rien comme un dresseur de phoques inuit. Suffit de jongler avec des mots, et de surfer sur la connerie. Ce pays (entendre par là, la fiction bidon), c'est la Californie du n'importe-quoi. C'est beau, ça brille, c'est pas trop long (pas trop fatiguant), c'est marrant (ou pas), ça fait des tâches sans laisser de traces, et ça fleure bon le voyage sans avoir l'impression de quitter le fauteuil où son cul ankylosé est posé. Un no man's land pourri et vertueux d'une rondeur abjecte : celle du rien qui ne mène nulle part.
L'inutile presque parfait.