lundi 4 mai 2015

Parfois la vie se fout de ta gueule comme un refrain de chanson mal branlé. Mettant sur ta route quelque chose que tu vas forcément désirer ardemment. Et t'es pas trop con, t'as l'habitude des mandales dans le pif, alors tu tâtes le terrain. Tu mets un pied devant l'autre, comme un guide tropical qui se méfie des sables mouvants.
T'es pas trop con, mais un peu quand même, alors une fois passé les premières vérifications, tu t'élances bêtement, et tu te retrouves le cul dans l'eau.
L'objet de ton désir s'est fait la malle, mec.
Aller, remet la chanson, y'a encore de la route à faire.

dimanche 22 mars 2015

Son nom dans l'abîme.

Des hauts et des bas, y'avait que ça.
Des putains de montagnes russes à perte de vue. C'était un paysage mental où chaque aube révélait un chaos étrangement nouveau mais terriblement familier.
Son humeur se changeait aussi souvent qu'une prévision météo.
Elle ne dessinait plus. Elle dessinait bien.
Elle ne dormait plus également, car ça n'avait plus aucun intérêt. Ses pensées la traînait par les cheveux sans répit, et aucune fatigue n'en venait à bout.
Ses yeux devenus vitreux brillaient pourtant d'un éclat nouveau. Elle semblait discerner quelque chose, à chaque fois qu'elle vous regardait, sans même vous voir, et cela avait quelque chose de dérangeant. Comme un aveugle qui vous situe avec la précision d'un sonar militaire. Et si elle soupirait sans rien ajouter, c'était la mise à feu d'une torpille et vous étiez bon pour l'avarie.
A la dérive dans ses relations, ses amis l'écoutaient sans vraiment l'entendre. Ses parents la reconnaissait mais elle demeurait une étrangère. Ses amants la touchait, sans jamais l'effleurer. Et elle s'attachait aux gens, sans vraiment les aimer.
Elle ne s’apitoyait pas. Elle n'était ni malheureuse, ni triste. Seulement en colère.
D'une fureur qui couve, mais qui n’éclate jamais. Invisible.
Parfois elle s'allumait une cigarette, mais ne la fumait pas. Elle voulait simplement la voir brûler lentement, jusqu'à ce que la cendre lui tombe sur les doigts.
Lorsqu'elle se mettait au volant de la voiture de sa mère, elle bouclait sa ceinture, puis fermait les yeux. Le ronronnement du moteur la faisait sourire, puis elle coupait le contact avant de partir à pied.
Tout en elle évoquait une profonde instabilité ou une démence tranquille.
Et je n'avais pourtant jamais connu quelqu'un d'aussi tangible, d'aussi éveillé.
Elle était une lame chauffé à blanc, s'enfonçant dans les chairs de nos existences.
Jamais nous ne devions nous souvenir d'elle, les années passant. C’eût été trop compliqué de conserver la mémoire d'une telle énigme silencieuse.

samedi 10 janvier 2015

J'aurais été un jarl scandinave.

Étrangement, je fais lumière sur une question toute conne. La question débile qu'on nous a tous posé plus ou moins de fois le long de notre existence.
"Que veux tu faire? Qu'aimerais-tu devenir ? Si tu pouvais choisir..." ce genre de truc.
Et j'ai envie de répondre, si j'avais pu, j'aurais été soldat.
J'aurais été phalange de l'armée d'Alexandre. Gladiateur de l'empire romain. J'aurais tiré mes flèches à dos d'un fier cheval mongol sous la bannière de Gengis Khan. Corsaire à bord du navire de Jean Lafitte ou un samouraï, dévoué à la poursuite de son honneur. J'aurais été un jarl scandinave ralliant ses guerriers géants pour défendre ses terres.

Et pourtant je représente tout le contraire. Je n'ai jamais eu à prendre de décision engageant un conflit guerrier. Je suis le premier à être atterré par les actes de cruauté gratuite ou les violences diverses qui ont lieu tout autour. Je me nourri de ma paix intérieur et celle que je maintien dans mon environnement. Et puis je n'ai même pas la carrure physique ni l'entrainement au combat.
Ce qui me fait songer à l'idée que l'homme est né avec une soif de conquérir. Cette violence semble être inhérente à ce que nous sommes. Elle se tapie dans nos tripes toute notre vie. Parfois elle arrivera à s'extirper suffisamment pour que toi, tu gifles ta femme. Ou pour que toi, tu jettes ton écran de TV dans le jardin. Que tu roues de coups de pieds ce divan. Ou que toi, tu lapides un pauvre mec dans la rue.
Cette violence aigre qui ne peut sortir que par à coups, déformée, gangrénée, médiocre. Mesquine.

C'est ce qui nous manque, sans doute.
N'existe-t-il donc plus aucune cause pour laquelle se battre avec grandeur ? Plus aucune noblesse d'âme dans les actes guerriers ?
Ah bin oui, les religions, bien sûr. Défendre la cause divine, les croisades, tout ça. Les guerres religieuses ont marqué l'histoire comme étant les plus cruelles et les plus barbares.
Les droits de l'homme ? Ils sont bafoués sur toute la planète, et tout ce qu'on fait, c'est s'indigner devant son JT ou filer 30 balles par an à une assoc' caritative.
La liberté ? Nous avons tous donnés nos poignets à "nos instances supérieures" pour qu'y soient refermés nos fers.

Et puis finalement... la raison n'est-elle pas qu'une excuse ? La cause une broderie sur la robe du champ de bataille ?
N'est-ce pas inévitable de se dire que la conscience de l'homme est celle là même qui légitime la libération de cette soif de confrontation, de domination... de victoire ?
Se hisser sur le trône que le cadavre des autres composent.
Mais la raison, cette illusion d’œuvrer au "bon droit", est sans doute ce qui permet de marcher au-devant de sa mort. Car la violence tapie en nous n'est pas une pulsion de mort, c'est un désir de grandeur guerrière. Il ne reste donc que l'esprit pour motiver et élancer ce besoin.
La cause est donc indispensable au geste.

Et qu'en est-il de faire la guerre, parce que la guerre vient à ta porte ?
Si un conflit civil éclatait, que déciderais-je ? Tenterais-je de fuir avec mes proches le danger ? prendrais-je part à la défense de mon foyer ou de ce qui m'est cher ?
Merde, je sais pu où je voulais en venir.