dimanche 22 mars 2015

Son nom dans l'abîme.

Des hauts et des bas, y'avait que ça.
Des putains de montagnes russes à perte de vue. C'était un paysage mental où chaque aube révélait un chaos étrangement nouveau mais terriblement familier.
Son humeur se changeait aussi souvent qu'une prévision météo.
Elle ne dessinait plus. Elle dessinait bien.
Elle ne dormait plus également, car ça n'avait plus aucun intérêt. Ses pensées la traînait par les cheveux sans répit, et aucune fatigue n'en venait à bout.
Ses yeux devenus vitreux brillaient pourtant d'un éclat nouveau. Elle semblait discerner quelque chose, à chaque fois qu'elle vous regardait, sans même vous voir, et cela avait quelque chose de dérangeant. Comme un aveugle qui vous situe avec la précision d'un sonar militaire. Et si elle soupirait sans rien ajouter, c'était la mise à feu d'une torpille et vous étiez bon pour l'avarie.
A la dérive dans ses relations, ses amis l'écoutaient sans vraiment l'entendre. Ses parents la reconnaissait mais elle demeurait une étrangère. Ses amants la touchait, sans jamais l'effleurer. Et elle s'attachait aux gens, sans vraiment les aimer.
Elle ne s’apitoyait pas. Elle n'était ni malheureuse, ni triste. Seulement en colère.
D'une fureur qui couve, mais qui n’éclate jamais. Invisible.
Parfois elle s'allumait une cigarette, mais ne la fumait pas. Elle voulait simplement la voir brûler lentement, jusqu'à ce que la cendre lui tombe sur les doigts.
Lorsqu'elle se mettait au volant de la voiture de sa mère, elle bouclait sa ceinture, puis fermait les yeux. Le ronronnement du moteur la faisait sourire, puis elle coupait le contact avant de partir à pied.
Tout en elle évoquait une profonde instabilité ou une démence tranquille.
Et je n'avais pourtant jamais connu quelqu'un d'aussi tangible, d'aussi éveillé.
Elle était une lame chauffé à blanc, s'enfonçant dans les chairs de nos existences.
Jamais nous ne devions nous souvenir d'elle, les années passant. C’eût été trop compliqué de conserver la mémoire d'une telle énigme silencieuse.

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