mercredi 20 novembre 2013

Fulgurance

La fulgurance ne meurt pas dans la médiocrité de son voisinage. C'est l'élan même de l'absolu, de l'inconditionnel. C'est la transcendance immédiate, sautant les années d'expérience et d'inexpérience, ravissant la couronne des rois et pissant à la raie du droit divin.
C'est le fer chaud qui botte le cul des titans, des possibles, et des allocations familiales.
La fulgurance est la seule casseuse de burnes qui t'asserviras tout à fait, en même temps qu'elle fera de toi un affranchi des règles universelles. 
Et il n'y a rien à y faire.

mercredi 13 mars 2013

Silenzio

On peut toujours s'échiner à égrener les mots. Et derrière l'architecture des syllabes, des lettres, des coursives et des êtres, se retrouver à court.
A court de marches pour grimper vers ce point de vue qui n'appartient qu'à soi.
Il me faut l'architecture de tes yeux pour voir au travers. M'immiscer dans ton ici-et-maintenant pour l'habiter comme tu le fais.
Même alors, le doute que ce soit suffisant se tient devant moi, arrogant et droit.
Les silencieux sont ceux que j'ai toujours le mieux compris. Ce sont les arbitres de la perception.
La vérité tue est la seule qui n'emprunte le chemin de la réfutation ou de l'incompréhension.
Elle est là. Juste là.
Dans un presque.

jeudi 3 janvier 2013

Là où crèvent les trains - IV

En rentrant, je jette les clés sur le bord de la table basse du salon. La lumière du vieux lampadaire halogène projette des ombres orangées, mates, immobiles. L'air lui-même stagne dans la pièce.
Je me tiens debout au centre du séjour, sans bouger. Sans vouloir bouger.
Car l'alcool dans mon sang fait osciller mon centre de gravité.
De ces nuits impossiblement longues, le résultat est toujours le même. L'euphorie d'une soirée arrosée se transforme toujours en une agonie nocturne. Le vernis des pis-aller se fissure et révèle les rayures abondantes, grimées.
Le temps est suspendu à ce train de questions qui hurle de métal; qui grince de mécaniques au fond de ma tête.
Des questions toutes plus connes les unes que les autres. Et plus légitimes aussi.
De ces regards en arrière qui effraient. Qu'on ne peut qu'amorcer sans jamais les terminer.
Des regrets.

Et là, au milieu de cette pièce vide de sens, pleine de meubles, de bibelots, de tissus et de parois lisses, je sens l'inanition de tous ces objets qui sont comme des bouées pour rêves avortés. Cette table design, ce tableau design, cette lampe design, cette vie design, minutieusement brodée de fil blancs.
Devant la réalité tangible de cette réussite matérielle, m'apparait clairement l'échec insidieux de mes désirs.
De ce que je voulais être et devenir. De l'homme qui devait porter mon nom.
Une simple promesse qu'il m'avait été impossible à tenir.

_ Et pis merde !
J'écrase une larme que je trouve ridicule. Je sors une cigarette de la poche de ma veste, un peu tordue et l'allume.
La fumée cours sur mon visage et me brûle les sinus et les yeux, mais je laisse la clope entre mes lèvres. Je marche en zigzag jusqu'au frigo et m'ouvre une bière fraiche, puis retourne dans le salon où je m'avachis sur le canapé design, que je haïssais subitement une minute plus tôt.
La honte qui me submergea l'instant précédent laisse place à une vérité frappante : Putain, qu'on est bien dans ce canapé.
Je laisse échapper un petit rôt, et me rend à l'évidence.
Soit. Je suis un foutu imposteur, si l'on se réfère à la Balance-Universelle-Du-Karma-Truc indispensable si l'on veut devenir Dalaï-Lama ou apôtre moderne. Mais au fond, j'en ai rien à foutre. Je prend mon pied à écrire des trucs un peu minables, à raconter des conneries sur mon facebook, et à t'élever minutieusement, gamine,  sur des préceptes sacro-saints. Comme... comme... ne jamais te laisser écouter du RnB. Fail. Bon.
T'inculquer des valeurs morales utiles. Comme... comme... des trucs utiles.
Que tu saches marier avec brio la grossièreté et l'élégance. Non, t'es trop jeune pour y parvenir, ça ressemble à de la confiture pour l'instant.
Ah ! t'enseigner l'empathie et l'instinct. Que tu puisses juger finement les gens fiables, de ceux qui sont des lianes mortes. Bon ça, je suis pas sûr d'y arriver moi-même.
_ Peu importe, couillon. Tu l'aimes, et elle t'aime. C'est ça qui compte. Ouais. C'est ça qui compte.
Je m'enfonce un peu plus dans le canapé et boit une longue gorgée de ma bière.
Ouais, je t'adore gamine. T'es sans aucun doute la meilleure chose qui me soit arrivée.
Le téléphone retentit.
Je lâche un rôt un peu longuet en décrochant. A tel point que je suis pas sûr qu'il se soit terminé avant d'être en ligne.
_ ...hein c'est quoi ?
_ Bonsoir monsieur, c'est l'institutrice de votre fille à l'appareil. Veuillez m'excuser de vous appeler au beau milieu de la nuit, mais Nina a été cueillie par la police dans la soirée, à fumer de l'herbe et boire de l'alcool. Les autorités britanniques ne comptent pas mener cette affaire plus loin, mais nous ont demandé de faire rapatrier Nina dès demain en France, pour qu'elle prenne la mesure de la gravité de la chose et... monsieur ??? Vous pleurez ?
_ bouhouhouhouh.