vendredi 9 décembre 2011

Les soldats riaient ton enfer.

T'avais la chemise qui merdait,
Les replis du fute comme un avion en papier
Qui n'aurait jamais été foutu de voler.
Les tiffs gras, la gueule en biais.
Et dans tes pas, y'avait toujours quelqu'un
Pour se foutre de toi.

Ta vie, c'était une feuille séchée
Agonisant au pied d'un arbre crevasse,
Les racines déglinguées
Sur le bitume dégueulasse.
Et dans tes pas y'avait toujours quelqu'un
Pour se foutre de toi.

Des rêves empruntés dans les magazines,
La créativité d'une vieille godasse.
Au final, t'étais comme une sardine
Qui se noie dans sa propre tasse.
Et puis y'avait toujours quelqu'un
Pour se foutre de toi.

Ton sourire niais pouvait bien dissimuler
Une idée, des blessures ou un empire;
Personne n'aurait un tant soit peu creusé
Ces maigres digues pour ce qu'elles pouvaient dire.
Dans ces tranchées, les soldats
Se foutaient sûrement de toi.

T'avais des cendriers à la place des yeux
Qui se baissaient pour ne pas être vus.
Le vernis brisé d'un regard aqueux
Supportant l'horreur d'une existence tue.
Et dans tes pas, y'avait toujours quelqu'un
Pour se foutre de toi.

Maintenant que t'es vieux
Et prêt à crever, ya plus rien à voir
Ni à sauver. Et si je suis aussi merdeux
Qu'avant j'étais hilare,
Je n'ai plus aucune envie
De me foutre de toi.

vendredi 7 octobre 2011

Mon rien à saupoudrer

Ca fait près de six mois que j'ai rien écrit. Pas étonnant.
J'ai plutôt tendance à reluquer à quelle vitesse la barbe me pousse les soirs de pleine lune ou me gratter les couilles la bouche ouverte.
En attendant, le papier se gratte pas tout seul. C'est toujours la même histoire d'ailleurs. La tête pétrie de conneries quotidiennes et de projets fantastiques, mais qui s'arrachent les ongles en s'agrippant à mon cervelet. Pas moyen de les faire sortir.

La concrétisation, c'est pas mon truc. Trop fainéant. Trop de temps à tuer pour faire un génocide de secondes productives. Trop d'excuses bien rondelettes pour les faire s’aplatir. Trop de tout, mais surtout trop de riens.
Un plein sac de farine de rien à saupoudrer sur ma bouffe de planqué.
C'est pas ma faute. C'est pas l'moment. Ya trop de vent. La chasse d'eau déconne. Les tarentules m'agressent sous la douche. Les poussières complotent dans mon dos et la planète m'explose le cul à chaque accouchement du jour suivant. D'ailleurs j'ai rien à raconter.

Pas plus que toi, pas plus que le politicard ou la chanteuse de cabaret. On parle tous de la même chose, mais jamais dans la même langue. T'es le seul à te comprendre, et moi j'ai pas envie de me fatiguer à te pister.
C'est peine perdue.

Alors quand j'écris, je fais des fictions. Des trucs bidons. Des histoires à dormir par terre, et pas forcément sur une moquette moelleuse et bien aspirée. Ya des acariens, dans mes histoires. Des acariâtres aussi. Et puis des riens. Beaucoup.
Je maîtrise le sujet du rien comme un dresseur de phoques inuit. Suffit de jongler avec des mots, et de surfer sur la connerie. Ce pays (entendre par là, la fiction bidon), c'est la Californie du n'importe-quoi. C'est beau, ça brille, c'est pas trop long (pas trop fatiguant), c'est marrant (ou pas), ça fait des tâches sans laisser de traces, et ça fleure bon le voyage sans avoir l'impression de quitter le fauteuil où son cul ankylosé est posé. Un no man's land pourri et vertueux d'une rondeur abjecte : celle du rien qui ne mène nulle part.
L'inutile presque parfait.

mercredi 3 août 2011

Etc.

Ya des trajets pas très nets dans les recoins de son esprit. Des virages à la con qui n'en finissent pas, et les lignes droites qui sont comme autant de points.
Alors quoi ? faut se demander ce qui cloche. Question pour le moins débile, puisque tout cloche. C'est d'ailleurs comme si son univers déconnait à temps plein et n'était qu'un vaste foutoir référentiel.
Les concepts de temps, d'espace et d'incarnation ne sont qu'une sorte de foutaise. Rien de plus logique en soi, dès lors, qu'il n'agisse pas de la façon qu'on attend de lui.
Le truc le plus tordu, d'ailleurs, c'est qu'il ne sait même pas à quoi s'attendre de lui-même. Comme s'il n'était pas vraiment le directeur technique de la régie qui lui sert de centre de décision.
Nan, lui il reçoit juste les mémo qui l'informent en temps réel de ce qui se passe dans sa vie en dents de scie.

Faut pas croire, mais un truc comme ça, à la longue, ça use. Puis ya un moment où il se dit qu'il en plein le cul et il fait la grève de la décision.
Il se pose donc, et regarde les évènements défiler. Il laisse faire.
Bon, c'est pas toujours un bon film, mais les acteurs sont criants de vérité. Et de connerie aussi. De vrais connards.
D'autres fois, il décide de reprendre la barre, s'imaginant de nouveau au poste de contrôle. Le con.
Il agite son volant comme un pilote de formule 1, alors qu'il pédale dans un jouet à roulettes pour 3 à 5 ans.

Évidemment, il à l'air d'un ahuri d'une autre planète. Mais au final, c'est plutôt admirable de le regarder se débattre comme ça. Ya une forme de courage burlesque dans sa croisade contre lui-même. Une infinie tendresse dans ses espoirs mâchouillés de collectivité. Une innocence toute pré-pubère dans sa façon de se gratter les couilles en dévisageant le matin de chaque nouvelle journée. Ou d'enfiler ses chaussettes comme une capote imperméable aux merdes du quotidien.
Admirable.
Et ridicule à la fois.
Au final, en y regardant bien, je me reconnais en lui. Et toi aussi, je te reconnais en lui. Toi aussi. Et toi aussi. Et toi.
Etc.

mardi 2 août 2011

De nos spectres passés.

Rouges. Les incendies éclairs de nos égarements.
Le mainstream d'un robinet urbain déversant ses flots humains.
THINK. Pense en anglais, parle en anglais, rit en anglais.
Chie en anglais.
Les canaux infernaux sous nos pieds tordus d'hébétudes.
Ce tintement qui s'avance aux portes des églises noires.
L'effondrement brutal de notre foi.
C'est le monde anticipé.
Précipité.
Il n'y a pas si longtemps, on aurait ouvert une bouche ronde
et aspiré toute la merde pour mieux la vomir sur le mur.
Mais c'est bien indiqué : "Interdit d'afficher".
Déglutir. Avaler.
Et tout garder en soi.
Être le témoin de son propre viol.
Marquer d'un X le revers de sa paupière et lui dire
de ne plus repasser ici.

Rouges. Les incendies éclairs de nos égarements.
Laisser s'écrouler chaque bâtiment qu'on observe,
parce qu'il est déjà vivant-mort, au-dedans.
Le tumulus marquant le trépas de nos élans.
La crémation de tout ce qui pouvait encore avoir un sens.
Reste seulement alors le meurtre du temps, à perpétrer,
incapables de répondre à cette simple question :
Que faisons-nous là ?

Simplement taire l'incompréhension du langage.
Il n'y a plus de mot qui ne fasse enfler la bouche.
Plus de repère vers lequel s'avancer, la tête droite.
On s'échine à serrer contre sa poitrine
les vestiges de nos spectres passés,
qui finissent par s'évaporer, le regard tourné vers un ailleurs.

jeudi 14 juillet 2011

Accidentellement foutu

Elle aurait pu faire de moi intestin frit ou danseuse en tutu.
son cri retentissait partout, ses larmes le caniveau des rues
dehors les hivers loups chassaient et hurlaient.
Il n'y avait qu'à tordre le cou, pour s'y sentir.
J'éructais, jubilais, le coran de tonneries qui grondaient.
La foi aux poumons rassis d'un chœur las,
les doigts pourris, clapotant d'ardeurs tiédasses.
J'étais l'ombre de moi-même.
J'étais à l'ombre de moi-même.
Et rien n'y pouvait plus, parce que j'y pensais.
Je te disais "l'antenne télé est foutue,
décroche le pigeon qui s'est posé dessus,
il chie sur la toiture de mon cerveau si laid."
Rien n'y pouvait plus, quand je te parlais
et toi encore moins, jamais tu n'y étais.
Tes articulations sonores étaient brouillées
la friture puait jusqu'au lecteur CD.
C'est pas de la musique ça
la communication basique a capella.
J'y comprenais rien et toi encore moins.
Jamais on y serait.
On pouvait user la surface des magasins
des kilomètres de bouffe au supermarché du coin,
tu baisais tous les connards passant
du coin de l'oeil, le cul appétissant
de leur caddie pressé, ton ventre appétant
les courses d'un chantier de vie
qui se termine en retard, vile connerie.
Mon choix s'était fait au hasard
sur toi que j'aurais dû crâmer
les pieds devant, la bite en saint-bernard
l'escarcelle vide aux poils ébouriffés.
L'épisodique quotidien d'un cycle frustrant
ou tu détournes autour
et moi qui tourne à l'humour
des mots qui se voulaient aidant.
C'était la liberté entre quatre murs
la solidarité s'écrasant sur ma figure
comme les barreaux d'un taudis épais.
Salope, geôlière, c'est comme ça que je te hais.
C'est comme ça que je te haimes.
T'aurais pu faire de moi ce que tu voulais.
Et au lieu de ça, je pointe pour une biture.
Files moi les clés de ta voiture,
il est temps que je te sème.

lundi 20 juin 2011

Run, baby, run.

Si tu te casses la gueule, je saurais pas te rattraper.
Tu marches comme l'équilibriste sur mon trottoir. T'as les godasses qui claquent le pavé, le son métallique de tes semelles qui n'ont pas de frein. Bein fonce.
Moi je te suis, de près. Très près. Mais te casses pas la gueule, j'aurais pas de bras pour te rattraper.
Qu'est ce que tu crois ?
La pente est aussi glissante pour moi. Pleine de flaques de folie, de miroirs distordus d'ondes, les pas de notre assaut déterminé.
Bouge-toi, cours, tourne à gauche et dérape à droite, frayes ton chemin en bousculant les autres sur ton passage si tu veux. Soit meurtrière.
A ce jeu là, on y crève tous les deux.
Emporte tout ce que peux. Ton sillage, le mien, c'est la lame bien droite avec laquelle on se fend.
Et crois-moi, tempête ou pas, jamais la pluie ne pourra laver nos traces.
C'est ton chaos qui baise avec le mien.
C'est l'ombre de ma mort qui entraine la tienne.
Tout au fond de tes entrailles.

dimanche 19 juin 2011

Les chaussettes de minuit - Partie 2-euh.

La porte voisine, suite au brouhaha que mon mécontentement avait fait naître, laissa apparaître une jeune femme abasourdie par la vision que j'offrais.
Elle laissa échapper un cri et se barricada dare-dare dans sa piaule.
Faut avouer que je m'serais fait peur à moi-même. Par contre, elle aurait pu me jeter un peignoir, s'aurait été plus urbain. Décrétant que je ne pouvais décemment rester planté devant la porte (restait-il une once de décence dans cette situation de merde, vraiment ?), j'amorçais une approche vers l'escalier de secours, faisant une escale de camouflage à chaque plante verte disposée décorativement dans le couloir.
J'avais parcouru plus de la moitié du chemin qui me séparait de l'accès aux niveaux inférieurs lorsqu'un geôlier accrédité par le milieu hôtelier émergea sans crier gare des ascenseurs.
Il ne me vit pas tout de suite, figé que j'étais derrière ma plante.
La respiration bloquée, et aussi immobile qu'une Vénus de Milo, j'aurais pu passer inaperçu si d'autres statues d'hurluberlu à poil et en chaussettes décoraient le luxueux couloir.
Manque de bol, c'était pas le cas.
Le gardien, d'abord surpris, fît un bond remarquable avant de me lancer un méchant regard qui en disait long sur l'appréciation de sa découverte.
J'esquissais un sourire crispé, mais sans succès apparent.
_ Qu'est ce que c'est que cette plaisanterie, monsieur ?!
_ Ça n'a rien d'une plaisanterie. Comme vous pouvez le voir, je ne me marre pas du tout. Vraiment, hein.
J'essayais tant bien que mal de dissimuler mon sexe penaud de mes mains, mais j'avais cette manie irrépressible de faire des gestes, comme les italiens, à chaque fois que je l'ouvrais.
Ça aussi, c'était un truc à la con.
Son regard méchant gagnait d'ailleurs en intensité tandis que mon scrotum se faisait la malle.
_ Vous pouvez m'expliquer ce que vous foutez dans le couloir tout nu ? Je vais appeler les flics, je vous préviens !
_ Ah bin non ! C'est idiot, j'ai euh... entendu un truc derrière la porte et pour rassurer mon épouse, je suis allé voir, mais ça s'est refermé sur moi, pis...
_ Pourquoi votre femme ne vous ouvre-t-elle pas ?
_ C'est qu'elle ne piste pas un traitre mot de français, voyez-vous. Et puis moi, le suédois, ça me laisse un goût de père-noël dans la bouche.
Il ne semblait pas gober mon histoire. Je pouvais pas lui en vouloir, en fait. J'avais juste l'air d'un couillon pervers en liberté.
_ Bon, indiquez moi votre chambre, nous allons voir ça.
Je l'y conduisit, en priant pour que Elke me prit en pitié. Ou en tout cas, qu'elle me laisse entrer, quelle que fût sa raison, dont je me foutais éperdument au vu de la situation.  Le maton d’hôtel frappa et demanda qu'on lui ouvre, d'une voix de stentor qu'on aurait privé de lyrisme. Le sas du salut s'ouvrit, laissant Elke apparaitre en peignoir blanc.
_ Madame, cet individu est-il bien votre époux ?
Il me désigna d'un vague geste écoeuré -j'ajoute d'ailleurs que j'en fût meurtri davantage. La grande blonde baragouina un truc à couper à la serpette, mais clairement, ça sentait l'sapin.
Le type me regarda plus furieux que tout à l'heure, si c'était possible.
_ Va falloir m'accompagner, maintenant, monsieur.
_ Ah bin houla...
Mon intégrité allait se jouer sur cet instant crucial. Je devais réagir, et tout de suite. Comme dans les films, et tant pis si la bistouquette prend la fraiche. Je devais sortir la grosse artillerie.

Les chaussettes de minuit - Partie 1

J'avais beau frapper à la porte comme un forcené, vociférer, m'égosiller, geindre, gronder et me gratter les fesses, rien n'y faisait.
Malheureusement pour moi, les portes de l’hôtel étaient solides, et du haut de ma carrure de gringalet, il m'aurait fallut un bélier du GIGN pour la forcer.
Elke, malgré mes tentatives de négociation aussi nombreuses que variées, faisait la sourde oreille.
Il m'apparaissait de plus en plus évident que je pouvais me brosser pour entrer dans la chambre. La situation était consternante.

J'avais dû user de tous mes charmes pour convaincre cette blonde plantureuse et nettement plus grande que moi de m'accompagner dans cet hôtel.  D'ailleurs, le prix de la chambre m'avait coûté un bras. Une fois dedans, j'avais opté pour l'atomisation pure et simple de mon compte en banque et commandé une bouteille de moët-chandon.
La garce picolait vite et profita lâchement que je finisse de la séduire par une conversation -ou plutôt un monologue- sur la vilaine conspiration internationale à laquelle j'imputais la mort de Lady Di.
Of course, j'étais parfaitement conscient qu'elle s'en foutait royalement. Mais mon assurance sur le sujet et le fait qu'elle ne parlât que quelques mots de français m'octroyait un statut bien au-delà de la qualité du thème abordé.
Lorsqu'elle eu terminé de téter son champagne, elle ôta son chemisier sans crier gare, visiblement désireuse que je la tête à mon tour. J'en perdis le fil de mon discours et me lançait à l'assaut de sa poitrine gigantesque, mes petites mains ressemblant à des scouts en pleine ascension de l’Himalaya.
Il ne nous fallut guère longtemps avant de nous retrouver nus et prêts à copuler comme des bêtes agitées de spasmes. Survint alors l'incident inexplicable qui me valut cette fâcheuse posture.

Elke désigna mes pieds, et sembla communiquer son mécontentement quant aux chaussettes que je portais toujours. Je lui répondis, avec un sourire qui se voulait rassurant, qu'il fût exclu que je les ôta.
Non pas que mes panards fussent difformes, mycosés, nauséabonds ou vernis. Non. Je considérais simplement, et ce depuis ma plus tendre enfance, que les chaussettes étaient le dernier rempart vers la nudité la plus extrême. Je n'en changeais que dans la plus grand intimité. Même ma pauvre mère n'avait plus aperçue un bout d'orteil depuis mes dix ans.
Je n'avais donc jamais enlevé cette partie vestimentaire pour baiser. Mes précédentes conquêtes ne me l'avait guère vraiment reproché, par ailleurs.
Elke, elle, semblait furax. Quand il advint évident que mes précieuses chaussettes ne voleraient pas à travers la luxueuse chambre d'hôtel, elle me saisi par les roupettes et m'entraîna  vers la porte dite "Exit". Ainsi choppé, il me fût difficile de la réprimander virilement de son geste scandaleux et retorse.
Voilà où j'en étais, donc.
Sur le pas de la porte, à poil, mais Dieu merci, j'avais encore mes chaussettes.