On en a fait du chemin.
Les routes en croisillons qui se cabrent au
moindre faux pas. On étaient des ordures, des couturiers brandissant
les épingles de nos objectifs. Tirant le fil tendu de nos opportunités.
Il n'y avait rien alors qui pouvait passer les mailles de notre
entêtement.
Et quand bien même un accroc se serait produit, nous pouvions nous parer d'un voile opaque, pour ne plus voir qu'en nous-même.
Il y avait ce gamin immobile, tenant son nounours borgne par le bras.
Tout à fait immobile.
Il était le point de départ de cette manche en forme de tunnel mou. Celui qu'on emprunte à coup sûr, pour se glisser dedans.
Et si l'on ne regarde jamais derrière soi, ce n'est pas par conviction,
mais par crainte de n'apercevoir sur ce vieux trottoir que la charogne
d'un corps juvénile aux tripes distendues.
Le cadavre date, méconnaissable. Mutilé par l'oubli de notre impulsion première.
_ hein ?
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