jeudi 27 décembre 2012

Là où crèvent les trains - II


C'est une de ces soirées moites, où la bouffe passe mal. Au diapason d'une très lointaine nausée. Ou un malaise peut-être.
Je répond à deux ou trois conneries sur mon facebook, puis fait pivoter mon siège.
La jeune femme est là, allongée nue sur le lit. Elle me regarde sans rien dire. Sa jambe droite est repliée, et forme un oblique qui me cache son sexe. Ses petits seins eux, me défient avec leurs bouts dressés et arrogants. Beaux et arrogants.
Je sens mon bas ventre qui dresse la tente à nouveau. Et moi qui ne sais jamais lui dire non.
Décidément.
_ Tu attends quoi ? Que je vienne te violer sur ton fauteuil ?
_ Pourquoi pas ? La chaleur fait fusionner mon cul avec le cuir de mon trône, insatiable bourreau qu'tu es. Je peux péniblement tenter de venir jusqu'à toi, mais j'ai peur de me retrouver avec une roulette qui se prendrait pour un tourniquet de casino avec mes billes.
_ T'es con...
Elle se marre.
_ On me fait souvent la remarque. C'est sûrement de notoriété publique, maintenant.
_ Et si je te dis que tu peux faire de moi ce que tu veux ? Là où tu veux, dans la position que tu veux...
_ Je répondrais que la grand voile est déjà hissée et qu'il ne reste plus qu'à embarquer sur ta magnifique coque... de ce côté ou de l'autre du Mississippi.
Je décolle mes fesses nues et un peu moite du fauteuil dans un "flop" étouffé, et glisse sur le matelas jusqu'à la peau brûlante qui m'attend.
_ Papaaaaaaa ?
_ Carguez les voiles et planquez les dames en soute, nous sommes abordés par un navire pirate !
Je fais rouler ma compagne sur le lit qui tombe de l'autre côté, dans un bruit mât. J'ai pas été très doux sur ce coup là, mais les réflexes manquent parfois de précision.
Tu ouvres la porte et j'ai tout juste le temps de dissimuler ma douteuse nudité avec les draps.
Tu me regardes interloquée et je prend une pause toute naturelle.
_ Je te dérange ?
_ Pas du tout, trésor ! Je faisais juste un peu de nudi-relaxation.
_ C'est quoi ça ?
_ C'est quand tu laisses les énergies positives autour de toi glisser sur ton corps pour être en harmonie avec l'univers. Ou pour faciliter la digestion.
_ Hin...
_ Besoin de quelque chose ?
_ Je pars demain après-midi avec la classe pour l'U-KAY, tu peux me filer un peu de fraiche pour acheter de quoi manger sur la route ?
_ L'Uruguay ? Vous êtes pas un peu jeune pour aller planter de la coca en Amérique du sud ?
_ L'U-K, p'pa, l’Angleterre, quoi. Pfff...
_ Ohhh... dans ce cas, tu trouveras mon coffre à trésor dans la cuisine. Doit y'avoir un billet de 20, dedans.
_ Merci !
Tu refermes la porte.
_ Et ne pique pas ma carte bleue ! j'en ai marre de changer de code !
C'est vrai ça... comment fait elle pour toujours trouver mon code, alors que moi je le perd une fois sur deux.
Une tête ébouriffée émerge près de moi.
_ Désolé, belle naufragée, j'espère que tu n'as pas été attaquée par des requins pendant que je repoussais l'offensive de Anne Bonny ?
_ Tu te fous de ma gueule, tu m'avais pas dit que t'avais une morveuse.
_ Hey, hey ! Ma progéniture a peut-être de temps en temps la goutte au nez, mais j'aimerai un peu de respect ici, pour ce petit monstre vénal. Et puis je savais pas qu'elle était rentrée.
_ Tu m'as l'air d'un foutu connard irresponsable.
_ C'est bien possible, mais pour ma défense, j'ai quand même protégé ta vertu et son innocence d'un seule geste. Ça mérite bien un petit bisou ?
_ Va chier, Sam.
_ Bon okay, navré pour le geste brusque, Marlene.
Elle me regarde avec des éclairs qui sortent des yeux et qui m'électrocutent les poils pubiens.
_ Darlene ?
_ Connard.
_ Charlene ?
_ Je t'emmerde.
_ Je sèche.
_ Tu peux crever, aussi.
Elle enfile ses vêtements plus vite que je n'ai le temps de penser à un autre prénom et quitte la chambre en claquant la porte, ses sous-vêtements dans la main.
Je t'entend t'égosiller dans l'appart'.
_ Papaaaaaaaa ??!
_ Ouais trésor ?
_ C'est qui la dame ?
_ Une excellente nageuse qui n'aime pas boire la tasse...

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